Polyoxybenzy est en partie inspiré de «la Personnalité des animaux», ouvrage de zoologie écrit par le sophiste Claude Elien de Préneste (Grèce, IIe-IIIe siècle ap. J.-C.). Plus précisément, de l’histoire narrant le triste destin des tortues marines dont les pupilles sont prisées et montées en joyaux. L’artiste compose un motif d’écailles et suggère la présence d’une divinité naturelle parée d’ornements rappelant le faste byzantin. Le triptyque s’intitule Polyoxybenzy, dénomination chimique de la bakélite, le premier plastique synthétique fabriqué en grande série, imitant la matière noble et vivante.
L’accrochage, léger et sans compromis, induit une expérience sensuelle du papier travaillé au graphite. Les mouvements ondulatoires et les courbes, générés par la matière organique du support, rappellent l’omniprésence de l’eau dans le processus de création embrassé par l’artiste. Les transparences et les clairs-obscurs parsèment les feuilles de murmures et de bruissements qui accentuent la fragilité du travail pictural, la vulnérabilité des écosystèmes naturels et l’incapacité de l’être humain à tout maîtriser.
Rolando Bassetti, texte pour l’exposition Supernature, Centre d’art contemporain (CACY), Yverdon-les_Bains, 2021
Supernature, Superculture
12.09.21, Vertigo, RTS,
https://www.rts.ch/audio-podcast/2021/audio/supernature-superculture-25219296.html
photos © Claude Cortinovis