Méditations sur un cheval de bois (“Meditations on a Hobby Horse”) est le titre d’un article d’Ernst Gombrich publié en 1963. L’historien de l’art y développe l’idée du « substitut » : un cheval de bois ne ressemble pas à un vrai cheval, il n’en est pas l’image, ni la reproduction. Dans son expression la plus simple, il peut n’être qu’un bâton, ce qui n’enlève rien à sa puissance hippique. Il ne correspond guère à l’idée du cheval – au sens platonicien – ; pourtant lorsqu’un enfant s’en saisit, il acquiert à ses yeux une réalité telle qu’il se substitue à tout cheval.
Noémie Doge s’est emparée de la notion de substitut pour élaborer des dessins qui se veulent le substitut d’un paysage. Des étendues où se perdre en restant chez soi, des ciels où se noyer quand les nuages sont bas. Elle s’appuie sur cette idée que la nature et les substituts qu’elle en propose ressortissent à une même fonction : celle de regarder. C’est le regard qui transforme un pays en paysage. Superposés, effacés, troublés comme les souvenirs des personnages de W.G. Sebald, ses points de vue multipliés cherchent à renouveler l’étonnement du regard.
David Lemaire, 2017
Interview guide contemporain: https://www.guide-contemporain.ch/evenements/noemie-doge-doc/
méditations sur un cheval de bois #1 – #5, 2017
graphite on paper 200 gm2
photos © Jennifer Niederhauser Schlup © Corine Stübi